[ ZÉRO ]

    •    Chiffre indiquant un rang vide, dans la numération de position. D'où plusieurs sens dérivés, dont deux concernent les arts ;

    •    I - En musique, le chiffre 0 indique que la note doit être touchée à vide.

    •    II - Par analogie, on a appelé zéro l'absence pertinente d'un trait sémantique, en linguistique structurale ; ainsi Barthes dit : "ces écritures neutres, appelées ici "le degré zéro de l'écriture" ".

[ WAGNÉRISME ]

    •    Ne désigne nullement une école musicale au sens technique du terme mais plutôt un mouvement mystico-esthétique qui se développe en France notamment avant même que l'oeuvre musicale de Wagner n'y fût vraiment connue.
    •    Incontestablement, les idées de Wagner sur l'art en général et tout spécialement sur le théâtre lyrique étaient des plus originales, mais l'idée qu'on s"en fit ne leur correspondait qu'imparfaitement.
    •    Ainsi se créa une sorte de religion de l'art, un culte du musicien et de la musique que Wagner ne désavoua pas, qui jeta des foules ferventes sur les chemins du "pèlerinage" de Bayreuth et s'avère si tenace qu'en 1917 Apollinaire se sent contraint de s'élever véhémentement contre ce qu'il considère comme une escroquerie morale, séquelle de la décadence du romantisme. Jean Cocteau et le Groupe des Six se joignirent à lui est Cocteau résume l'avis général en s'écriant : "Assez de musique qu'on écoute la tête entre les mains". Avec Stravinsky, Milhaud, Poulenc (pour ne citer qu'eux) s'instaure un art franc et clair, jugé aux antipodes de celui de Wagner et que les Six symbolisèrent par "le Coq".

[ VERVE ]

    •    Vivacité, entrain, et prompte inventivité multipliant les trouvailles heureuses ; souvent chaleur d'improvisation. Ce terme s'emploie surtout pour les arts du langage, parfois pour le dessin. Il peut désigner une qualité durable, par exemple quand on parle de la verve d'un écrivain, de la verve de son style. Mais il peut désigner aussi un moment d'excitation mentale avec mobilisation de toutes ses ressources ; on dit qu'un orateur, un causeur, était en verve dans de telles circonstances.

---> BRIO, INSPIRATION

 

[ USAGE ]

    •    Emploi d'une chose, et surtout emploi courant. Ce terme a quelques utilisations en esthétique :

    •    I - Platon (République, X, 601 d) voit une beauté pour les choses dans leur adaptation à leur fonction ; pour faire un bel objet, le fabricant doit donc consulter l'usager, juge de cette adaptation.

---> FONCTIONNALISME

    •    II - Dans une langue, l'usage détermine quels mots, quelles tournures grammaticales, sont courants ou rares, vieillis ou actuels, quels néologismes sont adoptés. Dans les arts du langage, c'est donc le rapport avec l'usage qui donne des effets esthétiques dans le choix des termes usuels, anciens, rares, etc. Mais le problème s'est posé d'un bon ou mauvais usage ; l'esthétique peut distinguer les usages conformes au génie de la langue, ou non ; les usages témoignant d'une ignorance ou d'une connaissance de la langue ; les usages révélant une sensibilité ou une insensibilité à la façon d'utiliser la langue.

---> RÈGLE

    •    III - Les usages (au pluriel) sont une sorte de code de conduite, fixant ce qui, par tradition, se fait ou ne se fait pas. Ils peuvent concerner l'art.

---> BIENSÉANCE, HABITUDE, TRADITION

 

[ TAPAGEUR ]

    •    Terme un peu familier, qualifiant ce qui est bruyant ou voyant, et, pour l'esthétique, qui cherche surtout à attirer l'attention, au détriment de la valeur. Quand il s'agit surtout de solliciter le regard, même de manière provocante, on dit aussi tape-à-l'oeil, terme encore plus familier.

[ SEC / SÉCHERESSE ]

    •    Au sens propre, est sec ce qui contient peu ou pas d'humidité ; la sécheresse est l'état de ce qui est sec. L'esthétique emploie ces termes au figuré, par analogie avec un végétal sec, donc racorni, sans souplesse et qui ne se développe plus. On qualifie de sec ce qui est bref, réduit à l'élémentaire, raide et pauvre, manquant de moelleux, ou de grâce, ou d'ampleur : un dessin sec, un style sec, ce passage est bien sec. L'emploi du terme sous-entend que la cause de la sécheresse est une certaine stérilité d'invention, ou un manque de souplesse pour varier l'exécution. Lorsque la brièveté, la dureté même, sont dues à une concentration d'un contenu substantiel dans une forme ramassée, ou à la vigueur qui frappe droit au but sans détails ni détours, on emploie d'autres termes : concis, lapidaire, net, etc., mais pas sec, qui est péjoratif.

---> BRIÈVETÉ, CONCISION, LAPIDAIRE.

[ RECETTE ]

•    Formule d'un procédé d'action reproductible, permettant d'atteindre à coup sûr un certain résultat. En esthétique, le terme est généralement péjoratif, ou tout au moins s'emploie avec une condescendance parfois amusée : l'effet de la recette est banal et sans originalité. Mais le fait que la recette opère (surtout quand par elle on provoque à volonté une réaction donnée de la part du public) montre qu'elle doit employer de manière plus ou moins empirique quelque principe de portée générale, dont la connaissance peut avoir de l'intérêt.

[ QUALITÉ ]

    •    Toute manière d'être ; en particulier, tout aspect sensible d'une chose, et même, toute nuance particulière dans un aspect sensible. L'impression d'aigu ou de grave dans la hauteur d'un son, la couleur, le caractère sombre ou clair d'une nuance, etc., sont des qualités. On voit donc l'extrême importance des qualités pour l'esthétique, car elles constituent les impressions sensibles que l'on éprouve en recevant une oeuvre d'art. Mais la difficulté est alors pour l'esthéticien d'arriver à les définir ou les déterminer de manière précise et objective. C'est surtout en indiquant avec exactitude la nature du stimulus qui provoque l'impression qualitative, qu'on arrive à des repérages objectifs (par exemple en définissant un son par le nombre de vibrations par seconde, une couleur par sa longueur d'onde, etc.). Mais c'est là, à proprement parler, définir la condition déterminante de la qualité, plutôt que la qualité elle-même ; car celle-ci, en tant qu'immédiatement sentie, et phénoménale, est subjectivement vécue.
 Est qualitatif ce qui se rapporte à la qualité.
    •    On appelle aussi qualité la valeur, le bon état d'une chose ; on peut dire ainsi que telle oeuvre d'art est une oeuvre de qualité, qu'un artiste fait un travail de qualité. Mais ce sens est peu utilisé en esthétique ; il risque en effet la confusion avec le sens précédent, et le terme de valeur est généralement préféré.

---> VALEUR

[ PHONOGENE ]

    •    Appareil inventé en 1950 par Pierre Schaeffer, et utilisé dans les studios du Groupe de Recherche Musicales de la Radiodiffusion française à Paris par certains compositeurs de musique "concrète", le photogène est un magnétophone à transposition variable : il permet la lecture, à des vitesses correspondant aux fréquences d'une gamme tempérée, d'une boucle magnétique sur laquelle est enregistré un signal quelconque. Il devient alors possible de créer une mélodie - au sens traditionnel - sur n'importe quel timbre.
    •    Le phonogène a très certainement facilité l'essor de la musique "concrète". Dans la mesure, cependant, où les transpositions autorisées se bornaient à reconduire le chromatisme propre aux musiques instrumentales habituelles, les musiciens qui les utilisaient retrouvaient la convention du solfège ; le champ de possibilités ainsi ouvert sur le plan technique n'offrait en fin de compte qu'une apparence d'illimitation.

---> CONCRET

[ ORGANIQUE ]

    •    Terme d'esthétique emprunté métaphoriquement à la biologie. Est organique ce qui tient de la nature d'un organisme, c'est-à-dire d'un tout structuré et autonome, composé de parties différenciées qui assurent les fonctions nécessaires à l'existence de l'ensemble et dont les interrelations assurent son unité.
    •    Cette notion est d'une grande importance en esthétique et peut y guider bien des analyses ; elle conduit en effet à rechercher quelles sont les fonctions essentielles à la constitution du tout, et comment les différentes parties agissent les unes sur les autres et se tiennent entre elles - que ce soit une oeuvre d'art, un style, une catégorie esthétique, une conception esthétique, etc, qui soit ainsi comparée à un corps vivant.

---> CONCOURS, UNITÉ.