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30/06/2022

[ RECETTE ]

•    Formule d'un procédé d'action reproductible, permettant d'atteindre à coup sûr un certain résultat. En esthétique, le terme est généralement péjoratif, ou tout au moins s'emploie avec une condescendance parfois amusée : l'effet de la recette est banal et sans originalité. Mais le fait que la recette opère (surtout quand par elle on provoque à volonté une réaction donnée de la part du public) montre qu'elle doit employer de manière plus ou moins empirique quelque principe de portée générale, dont la connaissance peut avoir de l'intérêt.

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31/05/2022

[ QUALITÉ ]

    •    Toute manière d'être ; en particulier, tout aspect sensible d'une chose, et même, toute nuance particulière dans un aspect sensible. L'impression d'aigu ou de grave dans la hauteur d'un son, la couleur, le caractère sombre ou clair d'une nuance, etc., sont des qualités. On voit donc l'extrême importance des qualités pour l'esthétique, car elles constituent les impressions sensibles que l'on éprouve en recevant une oeuvre d'art. Mais la difficulté est alors pour l'esthéticien d'arriver à les définir ou les déterminer de manière précise et objective. C'est surtout en indiquant avec exactitude la nature du stimulus qui provoque l'impression qualitative, qu'on arrive à des repérages objectifs (par exemple en définissant un son par le nombre de vibrations par seconde, une couleur par sa longueur d'onde, etc.). Mais c'est là, à proprement parler, définir la condition déterminante de la qualité, plutôt que la qualité elle-même ; car celle-ci, en tant qu'immédiatement sentie, et phénoménale, est subjectivement vécue.
 Est qualitatif ce qui se rapporte à la qualité.
    •    On appelle aussi qualité la valeur, le bon état d'une chose ; on peut dire ainsi que telle oeuvre d'art est une oeuvre de qualité, qu'un artiste fait un travail de qualité. Mais ce sens est peu utilisé en esthétique ; il risque en effet la confusion avec le sens précédent, et le terme de valeur est généralement préféré.

---> VALEUR

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30/04/2022

[ PHONOGENE ]

    •    Appareil inventé en 1950 par Pierre Schaeffer, et utilisé dans les studios du Groupe de Recherche Musicales de la Radiodiffusion française à Paris par certains compositeurs de musique "concrète", le photogène est un magnétophone à transposition variable : il permet la lecture, à des vitesses correspondant aux fréquences d'une gamme tempérée, d'une boucle magnétique sur laquelle est enregistré un signal quelconque. Il devient alors possible de créer une mélodie - au sens traditionnel - sur n'importe quel timbre.
    •    Le phonogène a très certainement facilité l'essor de la musique "concrète". Dans la mesure, cependant, où les transpositions autorisées se bornaient à reconduire le chromatisme propre aux musiques instrumentales habituelles, les musiciens qui les utilisaient retrouvaient la convention du solfège ; le champ de possibilités ainsi ouvert sur le plan technique n'offrait en fin de compte qu'une apparence d'illimitation.

---> CONCRET

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31/03/2022

[ ORGANIQUE ]

    •    Terme d'esthétique emprunté métaphoriquement à la biologie. Est organique ce qui tient de la nature d'un organisme, c'est-à-dire d'un tout structuré et autonome, composé de parties différenciées qui assurent les fonctions nécessaires à l'existence de l'ensemble et dont les interrelations assurent son unité.
    •    Cette notion est d'une grande importance en esthétique et peut y guider bien des analyses ; elle conduit en effet à rechercher quelles sont les fonctions essentielles à la constitution du tout, et comment les différentes parties agissent les unes sur les autres et se tiennent entre elles - que ce soit une oeuvre d'art, un style, une catégorie esthétique, une conception esthétique, etc, qui soit ainsi comparée à un corps vivant.

---> CONCOURS, UNITÉ.

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28/02/2022

[ NUANCE]

    •    En général, différence délicate entre qualités très voisines. S'emploie en esthétique pour différents ordres de faits :
    •    Dans les arts de la couleur (peinture, tapisserie, broderie, arts du feu…) le terme désigne, soit de fines différences de valeur, ou des valeurs très voisines à l'intérieur d'une couleur (un bleu très pâle, un bleu pâle, un bleu clair, un bleu moyen…), soit, plus souvent, des gradations presque insensibles entre des couleurs très voisines, des tons très proches les uns des autres dans une région du spectre assez étroitement délimitée (un bleu turquoise, un bleu-vert glauque, un vert d'eau…).
    •    En musique, le mot désigne des différences ou changements dans la force des sons, et l'emploi expressif de telles différences dans un faible écart d'intensité.
    •    En littérature, les nuances sont des variations subtiles de l'expression et du ton, traduisant les modalités ou degrés finement différenciés dans les sentiments, les caractères, les rapports entre les personnes.
    •    Il existe une esthétique générale de la nuance, dans la préférence pour les impressions délicates, les différences peu sensibles et pourtant ressenties, les oppositions amorties et jouant sur une étroite échelle. C'est elle que préconisait Verlaine dans son Art Poétique : " Car nous voulons la Nuance encor,/ Pas la Couleur, rien que la Nuance ! ". À exclure ainsi les tons francs et fortement caractérisés, les grands intervalles, on peut obtenir des oeuvres exquises ; mais il y a risque, si l'on n'y veille de près, de tomber dans la fadeur.

---> DEMI-TEINTE, SUBTIL.

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31/01/2022

[ MALADRESSE ]

    •    La maladresse est le défaut d'un artiste qui n'est pas en pleine possession de son art, ou ne contrôle pas suffisamment ses mouvements ; une maladresse est ce qui, dans une oeuvre, témoigne de ce défaut chez son auteur. Il y a maladresse, par exemple, à faire dévier un trait, à poser une tache de couleur à côté de l'endroit exact où on voulait la mettre ; c'est une maladresse, non plus de la main, mais de l'esprit, que de placer un paragraphe là où il nuit à l'effet des paragraphes voisins et où ceux-ci nuisent au sien. La maladresse porte sur la précision d'action de l'artiste et sur la perfection technique de l'oeuvre ; elle n'empêche pas la présence de qualités de conception, ou d'idées intéressantes, ou même de trouvailles, mais elle empêche d'en tirer dans la mise en oeuvre tout le parti qu'elles mériteraient.

---> DISGRACIEUX, GAUCHE.

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31/12/2021

[ LUMIÈRE ]

    •    Radiations dont l'action sur l'oeil humain produit les impressions visuelles. La lumière est donc d'abord une condition nécessaire à la perception des oeuvres d'art s'adressant à la vue (arts plastiques, arts du spectacle).
    •    Outre son rôle dans l'existence de ces perceptions, la lumière influence aussi leurs qualités. Elle donne aux couleurs des apparences différentes, selon qu'elle réunit toutes les radiations de la lumière blanche solaire, ou seulement celles d'une partie de son spectre (différence entre la lumière du jour et les lumières artificielles ; mélanges de couleurs par éclairage d'une surface colorée avec une lumière colorée). La direction dont vient la lumière modèle les reliefs en y déterminant des zones éclairées et des zones d'ombre, ce qui est très important pour les oeuvres d'architecture ou de sculpture ainsi que pour l'art du théâtre.
    •    Enfin la lumière peut être en elle-même le matériau de certains arts qu'on peut grouper sous le nom général d'arts de lumière. Les uns utilisent des matières transparentes pour les faire traverser par la lumière (verre, vitrail). Les autres utilisent les reflets de la lumière sur les surfaces lisses. Enfin beaucoup sont des arts de créer des sources de lumière et des objets lumineux ; tels par exemple les illuminations, les feux d'artifice, les fontaines lumineuses, etc. Très souvent les arts de lumière jouent sur l'apparence d'immatérialité désincarnée que prend la lumière, et sur la splendeur qu'elle crée dans la nuit ou l'obscurité, pour faire naître une atmosphère d'émerveillement, et des catégories esthétiques telles que le féérique, le fantasmagorique, le fantastique, le merveilleux.

---> ARTIFICE, ÉCLAIRAGE, ILLUMINATION.

 

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30/11/2021

[ KALÉIDOSCOPE ]

    •    Étymologiquement, "qui fait voir de belles images". Le nom indique déjà que le principal intérêt de cet instrument optique est d'ordre esthétique. C'est un tube où deux longs miroirs sont accolés pour former un dièdre de 30° ; pour qui regarde par un bout, les reflets des miroirs l'un dans l'autre donnent des menus objets placés à l'autre bout (généralement des morceaux de verre colorés) une image multipliée qui forme une rosace. Chaque mouvement de ces objets engendre une rosace nouvelle, due au hasard ; c'est donc un instrument de compositions aléatoires, en nombre infini. Le kaléidoscope est parfois utilisé dans les arts plastiques, surtout décoratifs, pour donner des idées. L'interprétation de ses images comme représentatives a aussi été utilisée pour l'invention littéraire. Mais le kaléidoscope est souvent apprécié pour lui-même ; ses puristes considèrent même les autres utilisations comme des déviations. L'adjectif kaléidoscopique est employé par analogie pour qualifier toute succession d'images indéfiniment renouvelées.

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31/10/2021

[ JARGON ]

    •    Jargon est à l'origine une autre forme du mot argot ; il désigne au sens propre ce que les linguistes appellent une langue spéciale, c'est-à-dire une langue qui sur le fonds commun d'une langue vivante courante développe un vocabulaire particulier à un groupe d'individus, compréhensible aux seuls initiés, obscur pour le grand public. Le mot a désigné plus particulièrement, vers la fin du Moyen Âge, la langue secrète des malfaiteurs (voir, par exemple, les poèmes en jargon, de Villon). On a aussi appelé jargon, surtout vers les XVIIè et XVIIIè siècles, tout langage mêlé de termes dialectaux ou étrangers. Toutes ces formes de jargon présentent des aspects pittoresques et ésotériques, parfois amusants, qui les rendent susceptibles d'utilisations littéraires intéressantes.
    •    Mais on emploie aussi jargon pour désigner un langage maladroit, aux mots déformés, ou au contraire un langage trop savant, ou celui d'une petite coterie qui n'a des motifs bien vains pour ne pas parler comme tout le monde. Cet emploi du terme jargon est alors péjoratif, et on blâme un écrivain quand on dit qu'il use de jargon.

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30/09/2021

[ IMPAIR ]

    •    Qui n'est pas divisible par deux. Ce terme ne se définit que par rapport à ce qu'il n'est pas, aussi ne prend-il d'importance esthétique que par relation avec le pair. Dans une disposition triangulaire, pentagonale, une mesure à trois temps… c'est bien plus le trois, le cinq, qui apparaissent positivement, que le non-deux (on sait combien les nombres trois et sept ont été auréolés de valeur magique). Le terme d'impair est donc un terme d'esthétique lorsque des éléments en nombre impair se trouvent disposés dans une structure binaire, ou qu'on aurait attendue telle.
    •    Dans les arts plastiques, et surtout les arts décoratifs et l'architecture, l'impair a une propriété importante dans les cas de symétrie : un des éléments est placé en position centrale, donc forte, sur l'axe. Une symétrie d'éléments pairs fait passer l'axe par un vide. Un péristyle à un nombre pair de colonnes met les entrecolonnements en face des portes en nombre impair, avec une porte au milieu de la façade.
    •    En littérature, dans le vers impair c'est-à-dire impair de syllabes, cette imparité est un peu sensible dans les vers courts ; mais elle l'est beaucoup plus dans les vers de 9, 11 ou 13 syllabes quand une césure presque médiane les divise en hémistiches inégaux mais presque équilibrés. Cette disposition prête aux catégories en demi-teintes, aux appels sans réponse juste, aux évanescences et aux mélancolies. On sait que c'est l'exemple de Marceline Desbordes-Valmore qui a montré l'intérêt esthétique du vers impair, surtout dans le Songe intermittent d'une nuit triste, où Verlaine et en général les Symbolistes ont trouvé un modèle (Verlaine, Art Poétique : "De la musique avant toute chose/ Et pour cela préfère l'impair/ Plus vague et plus soluble dans l'air/ Sans rien en lui qui pèse ou qui pose").

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