30/09/2021
[ IMPAIR ]
• Qui n'est pas divisible par deux. Ce terme ne se définit que par rapport à ce qu'il n'est pas, aussi ne prend-il d'importance esthétique que par relation avec le pair. Dans une disposition triangulaire, pentagonale, une mesure à trois temps… c'est bien plus le trois, le cinq, qui apparaissent positivement, que le non-deux (on sait combien les nombres trois et sept ont été auréolés de valeur magique). Le terme d'impair est donc un terme d'esthétique lorsque des éléments en nombre impair se trouvent disposés dans une structure binaire, ou qu'on aurait attendue telle.
• Dans les arts plastiques, et surtout les arts décoratifs et l'architecture, l'impair a une propriété importante dans les cas de symétrie : un des éléments est placé en position centrale, donc forte, sur l'axe. Une symétrie d'éléments pairs fait passer l'axe par un vide. Un péristyle à un nombre pair de colonnes met les entrecolonnements en face des portes en nombre impair, avec une porte au milieu de la façade.
• En littérature, dans le vers impair c'est-à-dire impair de syllabes, cette imparité est un peu sensible dans les vers courts ; mais elle l'est beaucoup plus dans les vers de 9, 11 ou 13 syllabes quand une césure presque médiane les divise en hémistiches inégaux mais presque équilibrés. Cette disposition prête aux catégories en demi-teintes, aux appels sans réponse juste, aux évanescences et aux mélancolies. On sait que c'est l'exemple de Marceline Desbordes-Valmore qui a montré l'intérêt esthétique du vers impair, surtout dans le Songe intermittent d'une nuit triste, où Verlaine et en général les Symbolistes ont trouvé un modèle (Verlaine, Art Poétique : "De la musique avant toute chose/ Et pour cela préfère l'impair/ Plus vague et plus soluble dans l'air/ Sans rien en lui qui pèse ou qui pose").
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