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15/06/2023

Random Sweepings [Dj Ki]

Everything produced by Dj Ki except "Hunger and Satiety" with Grosso Gadgetto
Mastered at LBA studio by Boutovitch
Artwork by Eïki
(p)&(c) LBA, 2023 

Review Indie Rock Mag (IRM) >> http://www.indierockmag.com
http://www.indierockmag.com/article35969.html
/ Benjamin, 28 juin 2023

L’été, le centre des activités humaines se déplace vers la nuit. Ce que nous rappelle Random Sweepings, c’est que c’est toute l’année que les forêts d’Occitanie frémissent d’une intense agitation nocturne.

Sorti au tout début de ce mois de juillet par DJane Ki, pilier du collectif La Bande Adhésive qui publie Random Sweepings, ce généreux EP (ou court album, selon la définition qu’on en a) invite, en effet, auditeurs et auditrices à une déambulation au clair de lune, cachés parmi les hêtres et autres résineux, oreilles grandes ouvertes, à l’affût des sons d’une nature foisonnante et protégée. Pour filer la métaphore, les six instrumentaux qui composent l’album prennent racine dans l’IDM et la techno aussi bien que dans l’ambient et le downtempo. Photosynthèse parfaite de ces courants musicaux, Random Sweepings se présente donc davantage comme faisant partie d’un genre qui lui est propre et que Vanessa Jeantrelle décrit elle-même comme des "soundtracks".

Tout au long des morceaux qui composent cet album, DJane Ki manie les contrastes avec subtilité, jouant sur les textures, les ambiances et, croirait-on, les éclairages. Passant de l’élégant clair-obscur de Hard to Find et sa lumière entre chien et loup à la nuit noire de More Eye Than Ear, Vanessa Jeantrelle décompose toutes les nuances du spectre. Lune blafarde sur Sand Turns Damp et ses percussions mystiques, obscurité impénétrable sur le morceau éponyme, le rythme s’accélère soudain sur Hunger and Satiety qui lorgne carrément du côté de la jungle et du breakbeat. Tout sauf un hasard, le morceau accueille la figure de l’underground rhodanien Grosso Gadgetto dont on reconnaît les machines abrasives. Dry Mind, qui clôt l’album dans une ténébreuse quiétude, rappelle que la nature est mue par des cycles dont le propre est de se répéter.

Random Sweepings est d’une grande cohérence, passant de l’abstraction (Dry Mind, Sand Turns Damp) à la mélodie (le piano de Hard to Find !) avec la même agilité. Les six titres bruissent de sonorités synthétiques et de captations sonores glanées par DJane Ki. La forêt de Random Sweepings grouille assurément d’une importante biodiversité. Ici, on croit reconnaître le cri d’une chouette effraie, là les stridulations d’un insecte tapageur ; plus loin, la cavalcade d’un cerf peut-être chassé par quelque prédateur. La productrice occitane parvient, à l’aide de ses machines, à retranscrire la vitalité de ce biotope. Surtout, elle parvient à émouvoir, semblant donner vie, au gré de ses modulations, à l’artwork évocateur d’Eïki, comme les torches des premiers humains animaient de leurs ondulations les peintures tracées à même les murs des grottes préhistoriques. Ce qui n’est pas rien.

Publié dans Musique | Tags : dj ki | Lien permanent | Commentaires (0) | | |

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